[01/06/2010]

Cancers: la fatigue due à la chimiothérapie mieux prise en compte

Source : AFP
PARIS — Epuisé dès le réveil, pendant des mois et des mois après la chimiothérapie, le patient atteint d'un cancer est mieux entendu aujourd'hui par le corps médical quand il se plaint de fatigue, malgré l'absence de molécule-miracle contre cet effet indésirable numéro un.

Selon une étude réalisée par l'Ifop en mai-juillet 2009 auprès de 250 médecins, 109 infirmières et 300 patients, 77% des personnes soignées par chimiothérapie pour un cancer fréquent (sein, poumon, colorectal ou hémopathie non myéloïde) se plaignent de souffrir ou d'avoir souffert de fatigue.

Parmi les problèmes qui affectent la vie quotidienne, la fatigue est citée loin devant d?autres effets secondaires comme le préjudice esthétique (notamment la chute des cheveux), les nausées ou les douleurs. Les médecins et les infirmières, qui mettaient il y a dix ans la douleur au premier rang, sont aussi de cet avis.

Il ne s'agit pas de la fatigue dont souffrent les bien-portants, qui s'estompe après une bonne nuit de sommeil, mais d'une fatigue lancinante, qui vous tient dès le réveil, et contre laquelle le repos ne fait rien.

"La baisse de l'hémoglobine entraîne un problème de transport de l'oxygène vers les tissus", explique le Pr Laurent Zelek, cancérologue à l'hôpital Avicenne de Bobigny, pour qui cette fatigue "ressemble à un trekking à 4.000mètres".

Et elle "ne s'améliore pas avec le repos" : "moins les patients fatigués sont actifs et plus ils vont perdre de masse musculaire, plus ils vont être fatigables". En outre, elle a ses propres effets secondaires : perte de la concentration, problèmes de relation avec les autres, difficulté à gérer la vie quotidienne, irritabilité, avec des retentissements sur le traitement, que l'on suit mal, avec retard, ou que l'on arrête.

"Lorsque le cancer était un combat immédiat contre la mort, les problèmes de qualité de vie passaient au second plan", relève le Pr Zelek. "Le dialogue entre médecin et patient était fataliste, la fatigue était considérée comme inhérente à la maladie et au traitement".

Aujourd'hui, elle est prise davantage au sérieux. Dès les premiers Etats généraux du cancer, organisés en 1998 par la Ligue contre le cancer, la question de la qualité de vie du patient a été posée. Le 1er plan cancer (2003-2007) devait ensuite décider d'accroître les soins de support, avec l'aide d'ergothérapeutes, de psychologues, kinésithérapeutes, nutritionnistes...

Aujourd'hui, la satisfaction des patients à l'égard du traitement anti-cancéreux est forte, mais ils restent un peu déçus du traitement contre la fatigue, avec seulement 15% de personnes très satisfaites.

"Il y a encore du travail à faire pour améliorer la prise en charge de la fatigue", reconnaît le Pr Zelek, pour qui "on n?a pas encore de solution pleinement satisfaisante".

La fatigue est un phénomène complexe. L'anémie, conséquence de la maladie et de son traitement, peut être traitée avec de l'érythropoïétine (EPO), mais la fatigue est aussi liée au stress, à la perte du travail, aux difficultés de vie, à des facteurs psychologiques...

Pascale Dielenseger, présidente de l'Association des infirmiers en cancérologie (Afic), relève des signes : essoufflement, regard éteint, lenteur des déplacements, manque de motivation, perte de l'appétit... Un questionnaire serré permet de mieux l'évaluer et de mieux conseiller le malade.

"Il n'y a pas de molécule miracle anti-fatigue chronique", dit-elle, mais on peut agir, par l'approche nutritionnelle, la relaxation, l'aide psychologique, la gymnastique, voire les arts martiaux, qui s'adaptent à la condition de chacun. "Il n'y a pas de solution toute faite", insiste le Pr Zelek.
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