[21/06/2005]

Cancer du sein: fléau global, mesures locales

Source : SwissInfo.org
Chaque année, des centaines de femmes meurent en Suisse faute d’un programme national de dépistage précoce du cancer du sein. Selon la Ligue suisse contre le cancer (LSC), la maladie continue à faire près de 1300 victimes par année, en dépit des progrès de la médecine.

Avec près de 5000 nouveaux cas diagnostiqués chaque année, la Suisse connaît un taux de cancers du sein plus élevé que nombre de pays européens. Mais malgré cela, il n’existe pas ici de stratégie de dépistage systématique de la maladie à son stade précoce.

Dans ce domaine, la responsabilité est laissée aux cantons. En Suisse romande, Vaud, Valais, Genève, Fribourg et le Jura ont choisi d’unir leurs forces pour introduire un système standardisé de dépistage précoce.

Effort utile, puisque selon la Ligue suisse contre le cancer, ces cantons ont un taux de survie des patientes nettement meilleur que les autres.

Oncosuisse, le nouvel organisme qui regroupe la LSC et deux instituts de recherche, appelle à l’adoption d’une approche systématique du dépistage au niveau national.

«Si vous voyez ce que la Suisse dépense pour la santé – 50 milliards par année – et que vous considérez que le programme mis sur pied dans les cantons romands coûte juste quelques centaines de milliers de francs, la somme est ridicule, mais l’impact est considérable», explique Reto Obrist, directeur d’Oncosuisse.

L’affaire des cantons


En Suisse, fédéralisme oblige, le pouvoir est réparti entre les autorités locales. Et ceci explique en partie l’absence d’un programme national de dépistage.

Le cancer est pourtant le deuxième plus grand tueur du pays. Mais l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) rappelle que la mise sur pied d’un tel programme nécessiterait l’adoption d’une nouvelle loi. «La santé est l’affaire des cantons», résume Sandra Meier, porte-parole du l’OFSP.

S’agissant du cancer, le problème est que la manière dont les autorités assument leurs responsabilités varie énormément d’un canton à l’autre. En Suisse alémanique comme en Suisse italienne, il n’existe pas de politique de dépistage systématique.

«Cela ne veut pas dire que le dépistage n’existe pas, précise Reto Obrist. Il n’est simplement pas organisé».

«Cela dépend de la volonté du médecin de prescrire une mammographie, poursuit le directeur d’Oncosuisse. Ce n’est donc pas systématique, de nombreuses femmes n’auront jamais de mammographie. Donc, contrairement à ce qui se passe dans les cantons romands, nous ne savons pas quelle est l’incidence de la maladie dans ces régions».

Kylie Minogue. La chanteuse est la dernière célébrité en date chez qui on a diagnostiqué un cancer du sein. (Keystone Archive)

Les ressources manquent
A la LSC, on est persuadé que l’introduction d’un programme national de dépistage est la voie d’avenir, qui pourrait réduire de 30% le nombre de décès par cancer du sein. Mais on est bien conscient que le chemin est long et semé d’embûches.

«Le système fédéraliste et les lois existantes rendent très difficile l’adoption d’un programme national, explique Stephanie Affolter, de la LSC. Chaque programme cantonal a une base légale et un système de financement différent.

Pourtant, l’OFSP a lancé l’an dernier un programme national de prévention du HIV/Sida et il existe un programme national anti-tabac depuis 2001.

«La prévention du Sida est une de nos tâches principales et nous avons une loi pour ça, explique Sandra Meier. Mais il n’y a pas de loi qui dise que l’OFSP doive être actif dans la prévention du cancer».

De plus, les restrictions budgétaires limitent évidemment les possibilités d’action de l’Office. «Nous aurions au moins besoin d’un budget et de ressources», ajoute Sandra Meier.

Pour Reto Obrist, il est également clair que l’OFSP aurait besoin de moyens supplémentaires s’il devait introduire un programme national de dépistage précoce du cancer du sein.

«S’ils doivent le financer sur leur propre budget, c’est pratiqu
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